TOULOUSE - LE 29 MARS 1969 MEETING DE SOUTIEN AU PEUPLE ESPAGNOL

, par udfo31

Ce meeting du 29 mars 1969 en soutien au peuple espagnol a fait l’objet d’un compte rendu écrit en espagnol par un camarade de l’UGT. Je l’ai retrouvé dans nos archives et ce texte fait partie de notre histoire. .C’est une preuve du soutien permanent que nous avons apporté aux syndicalistes de l’UGT en exil à Toulouse. Observateur et témoin de cette période, je me devais de révéler aux nouvelles générations de syndicalistes un tel événement majeur qui s’est déroulé salle Léon Jouhaux au siège de notre Union Départementale rue Valade. J’ai volontairement repris des extraits du discours de Manuel Muiño de l’UGT, pour éviter les redites et rendre plus compréhensible son intervention. Trente ans après la Retirada le régime de Franco vacille et l’espoir renaît pour le peuple Espagnol.

Meeting

Le 29 mars 1969, l’Union Départementale CGT-FO de la Haute-Garonne organisa un meeting en faveur du Peuple Espagnol auquel assistèrent les représentants de nombreuses Fédérations ainsi que les secrétaires d’Unions Départementales voisines.

Prendra la parole, au nom de la Confédération FO, Camille Mourgues, secrétaire Confédéral et membre de la Commission Exécutive de la CISL[ CIOSL en espagnol]. Pour l’Union Générale des Travailleurs espagnols prendra la parole Manuel Muiño , secrétaire général-adjoint.

Le camarade Pierre Barthès, secrétaire général de l’Union Départementale et membre de la Commission exécutive confédérale FO débuta ce meeting par ces paroles :

Le syndicat FO tient à remercier la nombreuse assistance qui témoigne ainsi de notre solidarité avec nos camarades espagnols.

Nous saluons tous ceux qui sont ici, mais aussi ceux qui sont en Espagne et qui mènent le combat pour la liberté et aussi pour ceux qui souffrent et sont enfermés dans les prisons franquistes.

Nous remercions aussi ceux qui, par leur présence démontrent que la fraternité entre travailleurs ne sont pas des vaines paroles.

C’est dans cet esprit que nous voulons dépasser le cadre du département en associant la confédération FO qui est représentée par notre camarade et ami Camille Mourgues que vous connaissez tous. Il est secrétaire confédéral et membre de la commission exécutive de la CIOSL, infatigable défenseur des droits communs dans les instances Internationales.

Quatre de nos fédérations ont accepté d’être présentes, se sont : la fédération des PTT, des Mineurs, du Bâtiment, et de l’Agriculture.

Notre région, frontalière où règne la paix, la liberté et la démocratie et devenue un peu votre patrie d’adoption.

Nos camarades, secrétaires généraux des Unions Départementales voisines ont voulu également être parmi vous. Je les remercie de leur présence avec pour but de donner plus d’importance à ce meeting.

Je pense que vous serez d’accord pour que l’un de nos secrétaires de fédération, ici présent, préside cette réunion. Si le camarade Cortot veut bien accepter cette présidence, je lui demande d’ouvrir ce meeting et de diriger les débats. (Applaudissement).

Allocution du camarade Cortot, secrétaire de la fédération des Mineurs et membre de la fédération Internationale des Mineurs :

Camarades ce n’est pas sans émotion que je suis venu assister à votre meeting puisqu’à la fédération des Mineurs de très nombreux camarades espagnols sont adhérents et que nous avons de très bonnes relations avec eux. Cela permet que nos relations Internationales soient permanentes avec les syndicalistes espagnols en exil. Aujourd’hui je peux témoigner d’une solidarité totale entre notre fédération et la fédération Internationale puisque je suis membre de la commission exécutive Internationale des Mineurs.

Mais aujourd’hui, participent à ce meeting nos camarades ,Marcel Huppel, secrétaire général de la fédération du Bâtiment, André Fossat, secrétaire général des PTT, et le camarade Chouc de la même fédération ,Auguste Azalbert, secrétaire général de la fédération de l’Agriculture qui réside dans l’Aude et à Paris, sont également présents Pierre Soula pour l’UD de l’Ariège, Louis Ponsignon pour l’UD de l’Aude et Edouard Acquette pour l’UD du Tarn.

C’est dire, camarades, qu’avec la présence de la confédération et les fédérations nationales, nous avons voulu démontrer notre intérêt pour l’aide à apporter à nos camarades en exil, mais aussi notre solidarité à ce rassemblement

Je rappelle que ce meeting a été organisé par l’Alliance Syndicale, CNT, SVT et UGT. J’espère que vous serez satisfait des orateurs qui vont prendre la Parole aujourd’hui et surtout notre camarade Manuel Munio secrétaire général-adjoint de l’UGT en exil, puis Camille Mourgues.

Extraits du discours du camarade Manuel Muiño, Secrétaire-adjoint de l’UGT et Membre de la CE de la CISL

Chers camarades, permettez-moi tout d’abord de remercier tous les camarades FO qui représentent leurs organisations syndicales ; Merci pour votre présence.

Je sais bien comme nous le savons tous à l’UGT que nous pouvons compter sur votre solidarité. J’étais à votre dernier congrès confédéral et j’ai constaté votre solidarité envers nous. Votre congrès a été un grand succès et je félicite le secrétaire général de la confédération Force Ouvrière, le camarade André Bergeron( ces paroles furent prononcée en français).

Permettez que je parle dans ma langue maternelle, mais il y a de nombreux camarades espagnols ici et les autres, pour être du Midi comprendront plus ou moins.

Camarades nous avons souhaité, tous ceux qui sont ici, et qui représentent leurs organisations que cette salle soit pleine pour un tel événement, mais la presse nous a oublié. Mais que se soit pour un motif ou une autre, nous sommes habitués à parler dans des salles combles. Mais nous apprécions s’il n’y a pas la quantité il y a la qualité parce qu’il y a ici de véritables militants.

Je voudrai, chers camarades, avant que n’intervienne notre camarade Mourgues dire quelques mots. En premier lieu le problème international qui se pose aujourd’hui en Espagne est le renouvellement l’implantation des bases américaines qui est entrain de se négocier.

Les organisations syndicales ont créé un groupe d’étude international pour traiter des problèmes espagnols. A cette heure même, en Belgique -qui est une grande nation bien que petite par le nombre d’habitants- est entrain d’être exposé le problème d’émigrés étrangers qui émigrent depuis l’Espagne parce qu’ils n’ont pas de travail. Ils partent en Europe en France, en Belgique, en Suisse, en Allemagne et même en Angleterre.

Et naturellement tous ces aspects se posent au gouvernement actuellement. Je peux affirmer ici que beaucoup d’entre-vous, parce que vous suivez l’actualité et que vous êtes des militants actifs, sont informés par notre presse, nos circulaires et nos réunions.

Nous avons fermement condamné la collaboration du gouvernement américain de la grande République Nord-Américaine et du gouvernement franquiste.

Nous avons fait savoir à la fédération américaine du Travail notre désapprobation parce que nous nous opposons publiquement et énergiquement au renouvellement de ce traité qui accorde ces bases. […] j’ai eu l’occasion d’en parler personnellement à Brow […]

Nous avons le droit de demander des comptes et surtout de critiquer les mouvements ouvriers frères qui ne s’associent pas à notre cause. (applaudissements) […] Je fus désigné pour participer au congrès de la CIOSL pour faire des rencontres permettant de discuter au sujet des bases américaines.

Nous sommes solidaires à l’UGT et nous n’avons pas varié d’un pouce, comme nos anciens de 1888[ date de la création de l’UGT] Nous avons une orientation claire et bien définie, nous n’avons jamais trompé personne, et nous nous adaptons aux circonstances. De tout temps l’UGT a accomplit son devoir. Vous savez tous qu’aujourd’hui dans ce monde moderne que le syndicalisme occupe une place prépondérante.

Les gouvernements font quelques fois des erreurs : il faut savoir les corriger et pour cela nous avons une ambition internationale afin d’intervenir en Espagne. : L’UGT ne pas actuellement le faire d’une façon publique mais de façon clandestine. […] Comme vous le savez tous, nous avons un prestige et une autorité internationale que je considère méritée et qui nous oblige à remercier et être reconnaissant aux camarades qui se comportent avec nous fraternellement. (applaudissements)

En plus, chers amis, vous savez bien que nous autres espagnols nous parcourons le monde dans notre exil. Pour être fidèle à notre idéal, nous vendons notre travail à ceux qui veulent l’acheter, parce que le régime de Franco depuis trente ans en Espagne, se trouve aujourd’hui dans une période de marasme économique sans perspective d’avenir.

C’est vrai qu’il y a des différences entre provinces le Nord surtout et celle de Madrid qui a un potentiel industriel important ; mais reste le problème de la terre. Il y a eu un début d’industrialisation agricole qui a commencé avec le plan Badajoz qui fut initié par la République avec les aménagements de Fijada achevé il y a trente ans. Il n‘y a pas eu de cinquième plan et des provinces comme l’Extremadura et l’Andalousie envoient des milliers de travailleurs à l’étranger parce qu’ils ne trouvent pas de travail en Espagne..

J’ai la satisfaction de dire ici que même si nous n’avons pas obtenu les adhésions que nous aurions souhaitées des travailleurs émigrés espagnols dans les différents pays, nous avons aujourd’hui vingt-cinq sections en Allemagne[…] nous avons des sections en Suisse, en Belgique. Mais bien sur l’UGT recommande aux travailleurs espagnols d’adhérer dans ces pays aux syndicats qui nous sont proches.

C’est le cas à l’IG Métal en Allemagne, il y en a plusieurs milliers, comme en Suisse, surtout dans la Métallurgie. A Bruxelles plus de cinq milles sont adhérents à la Centrale du Travail. Tous ces travailleurs espagnols apprennent ce qu’est le syndicalisme libre. […]

Camarades, comment ne pas penser, dans une réunion comme celle-ci, à nos frères qui se trouvent de l’autre côté des Pyrénées ? […] En Espagne aujourd’hui le mouvement syndical clandestin occupe chaque jour une place prépondérante. Le régime franquiste a créé un syndicalisme du haut vers le bas, un syndicalisme de bureaucrates où les travailleurs ne peuvent intervenir ! […] Ceci démontre bien quelle sorte de syndicalisme vertical fabrique par le gouvernement espagnol comme ceux des gouvernements totalitaires.

Nos camarades en Espagne et tous les travailleurs qui défendent le mouvement syndical libre, souffrent de persécution comme sont entrain de souffrir les étudiants et la jeunesse qui défendent la démocratie dans différentes régions..[…] Dans notre pays les persécutions sont terribles, les étudiants sont emprisonnés. Ils ruinent leur avenir pour continuer la lutte pour la démocratie, la liberté et les droits de l’homme.

Mais les travailleurs qui souffrent de l’exode connaissent bien que les persécutions de nos camarades des Asturies, qui se mettent en grève, sont emprisonnés et licenciés, mais continuent avec acharnement. Ils font honneur à l’histoire du syndicalisme de l’UGT et du parti socialiste des Asturies. Et ceux du côté Nord à Bilbao au pays Basque à Santander qui sont tous ensemble pour retrouver la démocratie et le mouvement syndical libre et la liberté pour tous les citoyens […]

L’UGT a pris l’initiative de créer l’Association Syndicale avec la CNT et la STV. Cette initiative a eu des conséquences heureuses et a trouvé un écho favorable au Pays Basque[…] Parce que je l’ai déjà dit, il y a peu d’exemples de luttes comme celles-la dans tout le monde. Mais la lutte continue[…] Là où nos camarades ont manifesté, ils ont réalisé l’unité. Maintenant même en Catalogne se sont déroulés trois mouvements organisés par l’AS. A Madrid en mai de l’an passé deux manifestations organisées par l’UGT, la FSD, USO et par l’AST ont eu lieu. Il s’agit d’une organisation classique historique auquel viennent de s’ajouter trois organisations naissantes. Des hommes et des femmes disent représenter d’autres tendances et nos camarades les ont accueillis à bras ouvert. Ils se sont entendus pour faire ensemble des déclarations communes, et trouvent un accord pour engager des grèves dans les ateliers et les entreprises. […]

Comment est né le mouvement syndical ? Parce qu’il est né précisément pour faire valoir les revendications, les exiger et les obtenir ensuite ! Chaque organisation a son idéologie, chaque organisation a la sienne, mais toujours dans l’esprit de la lutte des classes. C’est un véritable sentiment révolutionnaire que nous sommes en train de vivre. […]

Camarades, aujourd’hui, nous voyions que l’Espagne s’est proclamée en état d’exception. Quand la commission exécutive de l’UGT a pris connaissance de la déclaration de l’état d’exception et comme nous sommes en étroite collaboration avec les organisations Internationales du Travail et la CIOSL nous pouvons affirmer qu’elle augmente le pouvoir du gouvernement franquiste. […]

Depuis 1939 le gouvernement est en état d’exception permanente et toutes les instances internationales le condamnent pour le non-respect des Droits de l’Homme. Ce qui a été dénoncé par l’Organisation Internationale du Travail et par la Confédération des Syndicats Libres. Cinquante-quatre cas d’atteinte aux droits de l’homme ont été démontrés, ils concernent tous la liberté du travail et des associations. […]

J’ai appris par la radio que tout cela ira vers une amnistie générale pour tous les délits de la guerre civile. Le gouvernement franquiste défend un régime fasciste frère du nazisme. Ils se moquent de nous et prennent les espagnols pour des fous et le peuple pour des enfants !

[…] Après la guerre civile la répression a eu lieu, ce fut la barbarie ; les hommes se sont entretués mais quand la guerre s’est terminée et que la paix est revenue par l’Armistice ont débuté les pressions administratives et politiques et vous savez tous ici combien de souffrance depuis la guerre. On a fusillé, assassiné, des milliers d’espagnols qui avaient défendu le gouvernement légal de la République, celui que c’était donné le peuple espagnol( applaudissements)

Vous savez qu’il y a une semaine notre camarade Ramon Roubial a été emprisonné et maltraité

[…] Les choses sont suffisamment claires, comme nous l’avons dit dans les réunions internationales le régime franquiste est à l’agonie. Mais ne nous faisons pas d’illusions, camarades, le régime franquiste a depuis trente ans tous les pouvoirs en main. Il a tous les capitalistes et les propriétaires à ses côtés et également l’Eglise officielle.

Il n’y a pas d’autres solutions que de combattre comme nous avons combattu. […]

Il faut lutter sur le terrain en Espagne comme nous luttons en Europe sur le terrain politique et syndical. C’est l’arme puissante des travailleurs pour faire avancer nos conquêtes et faire avancer le progrès social et économique. Et en Espagne ce sont des milliers de travailleurs qui sont convaincus de la nécessité d’avoir un syndicalisme libre.

Et nous à l’UGT nous sommes sûrs que la CNT et la STV et les nouvelles forces syndicales en profiteront pour que l’Espagne redevienne une démocratie. Nous pouvons nous entendre entre espagnols et ne pas nous disputer parce que nous avons vu que les disputes engendrent la guerre et l’extrémisme du vainqueur au vaincus.

Quand le vainqueur est la classe ouvrière, il y a de l’humanité et le sens des responsabilités.à part les excès qui peuvent se commettre dans un premier temps comme dans tout mouvement général.

Mais quand les vainqueurs sont des réactionnaires, et des fascistes et des extrémistes les persécutions sont permanentes.

En Espagne il faut en terminer avec ça ! En Espagne il faut profiter du régime démocratique où les syndicats peuvent fonctionner librement dans l’indépendance la même que dans tous les pays d’Europe et quand elle n’aura plus ce régime maudit qu’aujourd’hui nous subissons et qui persécute les citoyens et les camarades de ce combat, je peux dire que nous allons en bonne compagnie parce que nous allons en compagnie de véritables chrétiens-démocrates qui étaient en prison comme nous.

Certains de ces jeunes chrétiens et certains anciens ont été dans la prison de Carmora et d’autres sont encore prisonniers dans la même prison que nos camarades. Et aussi pour accomplir, par vertu leur « concordato », il faut demander la permission aux autorités ecclésiastiques pour les emprisonner. Cependant s’ils n’ont pas été délivrés, ils sont retenus dans un couvent. Mais avec ces hommes et ces femmes, nous sommes fraternellement pour faire tomber le régime fasciste pour l’avènement de la démocratie et faire une Espagne qui soit une Espagne civilisée, une Espagne compréhensible et tolérante, une Espagne de progrès parce que sans progrès, sans démocratie, il ne peut y avoir de liberté et nous voulons la liberté et la démocratie pour l’Espagne avec les autres pays d’Europe et avec les travailleurs du monde entier, nous allons à l’avant garde du progrès. ! (applaudissement)

Discours prononcé par Camille Mourgues Secrétaire Confédéral de la CGT-FO Membre de la CE de la CISL

Chers amis, je suis là devant vous, avec une très grande et affectueuse émotion. Je me sens très près des syndicalistes espagnols et parmi eux, je n’ai aucunement l’impression d’être dépaysé. Au contraire, j’ai le sentiment qu’entre vous, militants, adhérents et sympathisants de l’UGT, et de la CNT et de toute l’Alliance Syndicale Espagnole et nous, membres de Force Ouvrière, rien ne nous sépare. Nous sommes frères !

Nous sommes unis, par le même Idéal et les mêmes principes fondamentaux qui nous ont rassemblés dans la même foi et dans le même engagement. Ensemble nous aspirons pour toute la classe ouvrière au bien-être et à la Liberté.

Hélas ! les travailleurs espagnols, dans leur propre pays, ont perdu l’une et l’autre. Depuis que le régime franquiste s’est emparé du pouvoir en 1939, ils sont privés des droits de l’homme les plus élémentaires. Leurs organisations syndicales l’UGT, la CNT, le STV, ont été déclarées illégales à la fin de la guerre civile par la loi sur les responsabilités, conformément à février 1939. En outre, conformément à la législation franquiste de janvier et décembre 1940, on a voulu obliger les travailleurs de devenir membres de l « Organization de Phalange Español et de la JONS ».

A ces dictaks- à ces injonctions les syndicalistes espagnols en deçà et au-delà des Pyrénées ont dit « NON »

Ils ne se sont pas inclinés !, Ils ne se sont pas soumis ! Ils ont lutté- Ils luttent depuis trente ans !

Je ne vais pas retracer cette lutte, ce calvaire….que vous connaissez trop bien ! Mais en cet instant, je veux m’incliner avec une infinie tristesse et une vibrante admiration, devant les victimes, les nombreuses victimes qui sont allées jusqu’au sacrifice de leur vie pour chasser l’arbitraire, le despotisme, en un mot : le FASCISME tout court.

A ce point, je voudrais témoigner de la solidarité pleine et entière qu’ont manifesté à la classe ouvrière espagnole, tous les syndicalistes libres du monde.

Ceux de Force Ouvrière, en France, Ceux du SSE dans la CEE, Ceux de la CISL dans le Monde Entier.

En leur nom, et parce qu’ils me l’ont demandé tout spécialement, au nom de Bergeron, notre Secrétaire Général de la Confédération Force Ouvrière, de Raschaer pour l’Europe des six, de Buiter, Secrétaire Général de la CISL qui vous adressent leurs plus cordiales salutations.

Je veux aussi dire un amical bonjour à mon ami Muiño et à tous ses collaborateurs et adresser une pensée fraternelle à Pascual Tomas avec mes souhaits de bonne santé. Je tiens aussi à vous renouveler plus vivaces que jamais nos sentiments de soutien, d’appui et de fraternité. Et je tiens à affirmer que notre solidarité, nous voulons la rendre plus efficace et plus agissante que jamais.

Votre action, l’action de tous les syndicalistes libres n’a pas été encore couronnée d’un succès total et définitif. Mais trente années de pillages et d’assassinats, n’ont pas réussi à obtenir l’anéantissement de l’homme et son amour de la Liberté.

Le régime franquiste vacille, s’ébranle et recule. A telle enseigne que pour survivre, il est obligé d’utiliser tous les expédients et toutes les ignominies. Ne nous attardons pas sur le passé aussi douloureux et scandaleux soit-il. Vous y avez répondu comme il convenait notamment à la soi disant « Libéralisation ». Un attrape-nigauds dont vous avez su déjouer la diabolique habilité.

Nous avons tout fait pour vous aider dans ce sens, d’abord : en refusant d’admettre, non seulement à coté de nous mais même en face, dans la Délégation gouvernementale, les soi-disant » syndicats qu’on voulait nous faire accepter et côtoyer dans la CSC auprès de l’OCDE-j’en ai perdu, ma place de Président.

Et de plus, nous avons tout fait pour que la CISL refuse les invitations insidieuses des séides de Franco nous disant que les syndicalistes libres seraient reçus en toute Liberté en Espagne. Et surtout nous nous sommes refusés et nous nous refusons plus fermement que jamais à l’entrée de l’Espagne franquiste dans le Marché Commun.

Quant un moyen fait long feu, on cherche d’autres : au machiavélisme de la libération, succèdent les mesures de force, les sévices, la prison et le meurtre.

Ainsi l’état d’exception a été proclamé en Espagne le 24 janvier dernier, pour mater, selon le gouvernement, l’agitation universitaire. En fait la répression a frappé l’UGT et l’Alliance Syndicale. Et une fois de plus, malgré les dangers et les risques pires que jamais, les travailleurs espagnols, ont riposté. Ils ont riposté courageusement avec les frères du Pays Basque, des Asturies et d’autres provinces d’Espagne. Ils ont entrepris une lutte héroïque dans des conditions difficiles, lutte de la classe ouvrière pour la liberté de tous les espagnols, lutte pour abattre le régime dictatorial de Franco- Lutte pour rétablir la Liberté.

Car aujourd’hui, la classe ouvrière espagnole est la conscience du peuple comme demain, dans l’Espagne redevenue Démocratique, elle sera la garantie des Libertés humaines.

Je voudrais insister là-dessus et rendre l’Hommage mérité aux travailleurs espagnols groupés dans leurs organisations Libres. On a lu ces jours derniers que l’état d’exception était levé ! Pour les touristes peut-être, mais sûrement pas, hélas, pour les espagnols et surtout pas pour les syndicalistes qui subissent l’oppression et la répression.

Mais, lorsqu’une dictature totalitaire est obligée de revenir sur des mesures exceptionnelles, cela veut dire que sa faiblesse est extrême, qu’elle a peur de la marée montante des travailleurs organisés en syndicats libres et clandestins, qu’elle approche de la fin. L’état d’exception, voulait justement en donnant un dernier sursaut au fascisme, contenir et faire disparaître à jamais les forces vives de demain. La décision de le lever, même si d’aucuns ont tendance à juger raisonnable, prouve en réalité l’échec du franquisme tant sur le plan national qu’international.

La conscience internationale a été éveillée de nouveau par les tortures infligées aux ouvriers dont le seul délit consiste à lutter pour la liberté et la dignité de l’Homme Cette conscience internationale, se doit de faire obstacle aux visées du régime Franquiste Dans ce domaine le cadre de la CISL, nous nous y emploierons sans relâche et fermeté, le masque est tombé, la comédie doit finir

Aujourd’hui personne, ni à Bruxelles, ni à Washington, ni Paris, ni à Londres, ni à Bonn, ni partout ailleurs ne devrait pouvoir accorder la moindre complaisance à Franco et à ses séides.

Monsieur de Gaulle, comme Monsieur Debré, devraient enfin comprendre, que l’état d’exception, n’est pas une simple péripétie ou un accident de parcours, comme on a par ailleurs qualifié la honteuse et inadmissible répression armée en Tchécoslovaquie par l’impérialisme Soviétique Et comme la fait unanimement, il y a huit jours, le Congrès Force Ouvrière à Paris :

« Nous condamnons le rapprochement entre le gouvernement gaulliste et Franco, rapprochement qui s’est exprimé par la visite du ministre des affaires étrangère Français en Espagne et la signature d’un accord culturel »

Congrès qui de plus a stigmatisé l’action néfaste des soi-disant syndicats phalangistes et a salué hautement la lutte des travailleurs espagnols pour la libération et la démocratisation de l’Espagne

C’est ainsi que Force Ouvrière a toujours été, et restera solidaire avec vous, amis syndicalistes espagnols Nous rêvons d’aller dans votre beau pays, mais de ne pas y aller avant que vous puissiez y tenir librement les Congrès reconstitutifs des organisations syndicales Nous aimerions assister à la renaissance officielle du Syndicalisme Libre et Démocratique Avec vous-Nous avons confiance en l’avenir ; un avenir que nous souhaitons et que nous sentons tout proche de nous

Le combat qui se livre actuellement en Espagne, les franquistes ne le gagneront pas car son régime est vacillant La nouvelle Espagne de demain triomphera avec la solidarité de tous les travailleurs de tous les pays démocratiques et de tous les hommes libres Cette victoire on la doit au sacrifice de tous les camarades de l’UGT et de l’Alliance Syndicale. Cette victoire est sûre et irréversible !

( Applaudissements)

FIN DE MEETING

PS : conformément à la législation franquiste de janvier et décembre 1940, on a voulu obliger les travailleurs de devenir membres de l’Organisation de la Phalange espagnole et de la JONS [La Falange Española Tradicionalista y de las Juntas de Ofensiva Nacional Sindicalista (FET y de las JONS)].Sources Internet : http://fr.wikipedia.org/wiki/Falange_Espa%C3%B1ola_Tradicionalista_y_de_las_Juntas_de_Ofensiva_Nacional_Sindicalista

Histoire de l’UGT http://www.ugt.es/ugtpordentro/cronofrances.html

Traduit de l’espagnol par Georges Portalès, Responsable de la Commission Histoire de l’Union départementale. Toulouse le 6 octobre 2012.