GRANDE DISTRIBUTION

, par udfo31

Partout dans le monde que nous vivons les nouvelles technologies ont révolutionné notre mode de vie. Plusieurs secteurs de service, SNCF, Transport aérien, Banque, Poste et même aujourd’hui le transport routier avec les péages automatiques qui se multiplient, ont été touchés et les comportements de chacun en ont été affectés. Dans le même temps, chacun a pu s’apercevoir que la machine remplaçait l’homme et que cela avait des conséquences sur l’emploi.

LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DANS LA GRANDE DISTRIBUTION FACTEUR DE DESTRUCTION D’EMPLOIS ?

Partout dans le monde que nous vivons les nouvelles technologies ont révolutionné notre mode de vie. Plusieurs secteurs de service, SNCF, Transport aérien, Banque, Poste et même aujourd’hui le transport routier avec les péages automatiques qui se multiplient, ont été touchés et les comportements de chacun en ont été affectés. Dans le même temps, chacun a pu s’apercevoir que la machine remplaçait l’homme et que cela avait des conséquences sur l’emploi.

La grande distribution est restée longtemps à l’écart de la mise en place de « robot » puisque l’activité principale des grands groupes étant le commerce, le service offert à la clientèle permettait d’augmenter le chiffre d’affaire ainsi que les bénéfices.

Dans un contexte de crise qui a entraîné une baisse progressive de la consommation, il s’agit pour les dirigeants des grands groupes que sont Carrefour, Auchan, Casino, Leclerc, etc.… de continuer à faire des bénéfices en diminuant les charges salariales, puisque les consommateurs voient leur pouvoir d’achat diminuer.

En premier lieu, on a assisté à des restructurations importantes qui ont entraîné des regroupements d’activités, des réorganisations de surface de vente, la mise en place de process informatisés qui automatisent les tâches autrefois effectués par le salarié et qui ont eu pour conséquence une diminution des emplois : Carrefour a ainsi perdu près de 2000 emplois, Casino hyper et super 1568 (4.5% des effectifs) et pour AUCHAN, l’impact sur l’emploi est de 1500 emplois. Dans un deuxième temps, les grands groupes de distribution ont développé plusieurs systèmes de nouvelles technologies pour faire en sorte que le client se substitue au rôle dévolu auparavant aux hôtesses de caisses ; le client devenant de fait un intervenant non payé par les grandes surfaces.

Cela a commencé d’abord dans la logistique. En 2004, avec le Voice-Speaking (système qui dicte des ordres donnés à distance à un salarié en temps réel au travers d’un casque audio). Outre le fait que le salarié ne dispose plus d’aucune initiative, ce système a permis des gains de productivité, mais a robotisé les individus et est aujourd’hui source de troubles médicaux.

Dans les grandes surfaces, les nouvelles technologies sont arrivées en France vers les années 2005, sans pour autant que cet envahissement ne soit pas aussi important qu’en Belgique ou en Angleterre.

Casino et Auchan et Carrefour a mis en place plusieurs systèmes d’automatisation des caisses.

  le self-scanning qui permet au client doté d’un scanner portable d’enregistrer ses articles au fur et à mesure qu’il les dépose dans un chariot. Toute manipulation de l’hôtesse de caisse est supprimée hors encaissement.
  Le self check-out : en vidant son caddie à la caisse, le client scanne lui-même ses articles et dans ce cas, on a plus besoin que d’une caissière pour une batterie de 4 caisses pour le paiement.
  Le queue boosting : afin de limiter la durée d’attente aux caisses, un employé scanne, dans la file d’attente les produits achetés et remet le total à la caissière qui n’a plus qu’encaisser.
  La borne de paiement automatique : après passage à une caisse traditionnelle, le client paie sa note à un automate dédié à l’encaissement : l’hôtesse de caisse ne manipule plus aucun moyen de paiement et passe plus rapidement au client suivant.

A noter les tests en cours sur le « paiement sans contact » : Le but est que le client puisse payer en un simple clic sur son téléphone mobile. Ces nouvelles technologies, qui permettent une manipulation moins importante du contenu des caddy mettent directement le consommateur en situation de remplacement des travaux effectués auparavant par les salariés sans pour autant avoir comme avantage une baisse de prix sur les produits achetés. Ces systèmes qui sont opérationnels dans la quasi-totalité des grandes surfaces, sont malgré tout que peu ou prou utilisés et n’ont, pour le moment, pas eu une grande influence sur le taux d’emploi dans la grande distribution.

Il en est tout autrement avec l’arrivée du nouveau système de radio fréquence RFID (système à puce). L’enjeu est simple, améliorer l’efficacité et la précision de la chaîne logistique afin de vendre des bons produits, au bon endroit, au bon moment et satisfaire ainsi davantage la clientèle. Bien que l’objectif affiché par les responsables des grands groupes de distribution soit le bénéfice du client, il apparaît évident que l’intégration de ces puces a avant tout pour but d’améliorer la gestion des points de vente.

Ces concepteurs de ce système promettent la fin de files d’attente à la caisse des hypermarchés. Oui, mais que va-t-il advenir du métier d’hôtesse de caisse ?

Et pas seulement, plus besoin d’inventaire, plus besoin de gestion de stock, etc…

Les besoins en main d’œuvre risquent d’être désormais réduits à la seule programmation de toutes ces puces RFID, pendant qu’elles réfléchiront à la place des femmes et des hommes.

On le sait, les nouvelles technologies fonctionnent seulement si les usagers suivent. C’est donc sur les individus en tant que citoyens, consommateurs, employés, chefs d’entreprises, mères ou pères de famille que repose l’avenir de la RFID. A eux, d’estimer si le gain de temps, l’augmentation de productivité, en résumé toute l’aide apportée à la RFID au quotidien sont plus importantes que les pertes d’emploi et l’autonomie de l’Homme.

D’ailleurs, Michel Enguelz, délégué national du groupe Force Ouvrière de Carrefour ne se trompe pas quand il indique : « il faut être réaliste, la pérennité de l’emploi sera le dossier majeur à terme dans la grande distribution ». Au sein d’UNI Commerce, la FGTA/FO a déjà, depuis 2004, avec l’ensemble des syndicats européens entamés des actions pour se préparer à ces changements. Il convient aussi que l’ensemble des syndicats FO dans les CCE et dans les comités européens mettent « carte sur table » pour mettre en place des solutions concernant ce gros chantier.

Rédactrice : Martine SAINT-CRICQ

INTERVIEW DE MARTINE SAINT-CRICQ PAR DEJAN TERGLAV

M.S-C : Est-ce que le progrès (mise en place des nouvelles technologies) est un élément destructeur d’emplois dans la grande distribution surtout avec l’arrivée prochaine de la RFID ?

D.T. : Oui, toute mise en place des nouvelles technologies est destructrice d’emploi et de valeur ajoutée au travail. Une simplification des tâches amènera à terme une uniformisation des classifications et un salaire au minimum. Parallèlement, le client est mis à contribution sans réduction de prix. Si en plus la RFID était généralisée, on serait bien sur devant une suppression massive des emplois mais également face à des magasins de plus en plus déshumanisés. Face à cela, la FGTA propose une négociation globale sur l’évolution des nouvelles technologies.

M.S-C : Ne devrait-il pas y avoir d’alliance objective entre organisations syndicales et associations de consommateurs pour exiger des groupes de distribution des services adaptés pour la clientèle permettant de sauvegarder l’emploi ?

Sur le principe, oui. Les réductions de coût engendrées par l’entreprise avec la mise en place des nouvelles technologies ne sont évidement pas partagées ni par les salariés ni par les consommateurs. Bien entendu, la mise ne place de nouveaux services, comme par exemple une garderie d’enfants, l’assistance et l’information aux clients etc… permettrait de sauver quelques emplois. Mais malgré tout, nous sommes devant des défis importants si cette évolution devait s’accélérer puisque aujourd’hui les différentes sociétés ont une seule préoccupation : leur propre rentabilité. En ce qui concerne une association de consommateurs, elle pourrait nous aider à démontrer que les gains engendrés par l’entreprise ne sont pas répercutés sur les prix ou sur le service au client. Une possibilité non exploitée à ce jour mais qui pourrait être forte, c’est d’être force de proposition ensemble devant les pouvoirs publics sur l’emploi et le pouvoir d’achat.

LE E-COMMERCE

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Conserver dans nos enseignes le cœur de métier du commerce qui est : l’accueil, le produit et le service client est une priorité pour gagner des parts de marché, mais il faut aussi répondre à la demande des nouveaux clients qui sont utilisateurs de nouvelles technologies. Il s’agit bien sur de capter et conquérir ces nouveaux clients et non d’abandonner le modèle traditionnel de distribution que sont nos magasins.

Le principe est déployé de différentes manières selon les enseignes et se généralise.

Le client passe une commande via internet et a le choix entre diverses formules pour récupérer sa marchandise :

  La LAD : livraison à domicile qui peut être gratuite à partir d’un certain montant d’achat. Paiement à la commande avec carte bancaire ou carte distributeur.
  La récupération de livraison en magasin avec paiement à une caisse qui accepte tous les moyens de paiement traditionnels.
  Le Drive : lieu proche d’un magasin ou spécifique qui permet au client de venir chercher sa commande directement en voiture.

Un autre axe de développement est la borne interactive située en magasin. Elle permet au client de commander des articles non présents sur le site. L’assortiment proposé par la borne est plus large que celui de l’établissement, de plus le client a le choix entre revenir retirer sa marchandise sur place ou se faire livrer. On peut le constater, toutes ces nouvelles technologies sont des facteurs de développement commercial et donc économique. Mais elles doivent aussi pouvoir générer de nouvelles formes d’emploi sans dégrader l’emploi en surface de vente. Il nous appartiendra à nous, syndicats, de rester vigilants (bilan social, commissions emploi et économique, GPEC….) sur la situation de l’emploi face aux défis de ces nouveaux modes de consommation.

FOCUS SUR LES CHIFFRES 2008 DE LA BRANCHE

La branche distribution qui regroupe les hypermarchés, les supermarchés, les maxi-discounters, les centrales d’achat et les entrepôts comptent 635800 salariés (-0.1% par rapport à 2007).

  11422 points de vente (+1.5% par rapport à 2007).
  Une majorité de femmes : 61%.
  47% de moins de 36 ans. Âge moyen 37.5 ans.
  33% des salariés sont à temps partiel mais 49% sont des femmes. Ce chiffre atteint 59% chez les discounters
  88% de CDI.

Les effectifs de la branche reste stable en 2008, avec -0.3% pour les hyper (302000 salariés), +1% pour les super (213700 salariés) et une croissance de près de 5% tous les ans pour les maxi-discounters (38100 salariés) :

  14% des hyper emploient 47% des effectifs de la branche.
  48% des super emploient 34% des effectifs.
  38% des maxi-discounters emploient 6% des effectifs.

Depuis 2009, la crise financière, et aujourd’hui la crise économique, les distributeurs ont procédé à des ajustements : Fin des CDD, de l’intérim et non remplacement des départs facilité par le turn-over important dans ce secteur. Pour 2010, la branche estime que 20000 postes devraient être à pourvoir. Seuls les métiers de bouche et notamment le métier de boucher, rencontrent des difficultés de recrutement.