1859 - 1914 Jean JAURES

, par udfo31

Né à Castres, il y a 150 ans, le 3 septembre 1859, Jean Jaurès fit de brillantes études et devint professeur de philosophie à Albi, puis maître de conférence à la Faculté des Lettres de Toulouse.

Dans un article paru dans la Dépêche de Toulouse, daté du 27 mai 1888 ; évoquant la classe ouvrière, Jean Jaurès écrit : « Le plus puissant instrument de progrès qu’ils aient saisi, c’est le droit de s’associer, de se syndiquer […] « ce que le patronat aurait de mieux à faire, ce serait de reconnaître hautement le droit syndicat […] faute de reconnaître que le droit de se syndiquer, comme tout autre droit, a son principe dans la liberté et la dignité de l’homme, on arrive à méconnaître les conditions les plus élémentaires de la dignité humaine. »

Jean Jaurès, tout comme Jules Ferry, fut l’artisan de la Laïcité Républicaine. Il fut élu, en 1890, conseiller municipal et délégué à l’Instruction Publique de Toulouse : Il y défend l’école laïque. Il participe avec le Président Sadi Carnot, à l’inauguration en 1891, des Facultés des Sciences, de Médecine et de Pharmacie, puis en 1992, à l’inauguration de la Faculté des Lettres. Jean Jaurès se prononce pour la création d’Universités dans les grandes villes.

Jean Jaurès, participe à l’inauguration de la Bourse du Travail de Toulouse le 12 juillet 1892. Jaurès appelé à la tribune lança ces paroles : « J’estime qu’il ne faut pas que la parole soit vaine. C’est une arme de combat dont il faut se servir que pour atteindre un but déterminé. »

Le baron Reille et le marquis de Solages, qui dirigent des mines, licencient Jean-Batiste Calvignac, syndicaliste et maire de Carmaux. Une grève éclate qui obtient le soutien de Jaurès. Cette grève eut pour résultat la réintégration de Calvignac et la démission, du député, le marquis de Solages.

Les mineurs et verriers socialistes de Carmaux font appel à Jean Jaurès qui devient député de cette circonscription en janvier 1893. Puis, à la suite d’une grève des verreries de Carmaux qui dura trois mois et se solda par 300 licenciements, Jean Jaurès tenta de concilier les deux parties. Ce fut un échec et un an plus tard, les ouvriers licenciés bâtiront, avec le soutien de Jean Jaurès, la première coopérative ouvrière d’Albi.

En 1905, il fonde le journal l’Humanité, qui était un journal de sensibilité réformiste, avant de devenir après sa mort, l’organe de presse du parti communiste.

Député de Carmaux en 1902, il fonde en 1905, avec Jules Guesde le Parti Socialiste SFIO : Section Française de l’Internationale Ouvrière.

Jaurès est contre les injustices sociales que subissait la classe ouvrière et paysanne. A l’assemblée nationale, il s’investit dans les grands combats politiques de son temps pour les grandes réformes : séparation de l’église et de l’Etat, en matière sociale : réduction de la durée du travail, repos hebdomadaire obligatoire, renforcement des lois d’assistance et d’assurances ouvrières, obtention de retraites, statut des fonctionnaires..

Jaurès prendra fait et cause pour le capitaine Alfred Dreyfus injustement condamné : Il demandera et obtiendra la révision de son procès qui aboutira à sa réhabilitation.

Jaurès qualifié par le peuple d’« apôtre de la paix » est contre la guerre qui se prépare « les conflits mondiaux devraient se régler par la concertation entre les pays concernés » dit-il en substance. Il partage ce point de vue avec Léon Jouhaux qui était à la tête de la Confédération Générale du Travail depuis 1909, et qui sera plus tard le président de la CGT-Force Ouvrière. Léon Jouhaux deviendra en 1951, prix Nobel de la Paix. Deux hommes, deux destins qui se croisent et qui méritent d’être honorés, comme il se doit, par les syndicalistes.

Jean Jaurès fut lâchement assassiné le 31 juillet 1914, à la terrasse du café « le croissant » à Paris par Raoul Villain.un extrémiste de droite. Lors de ses obsèques, qui eurent lieu à Paris le 4 août 1914, Léon Jouhaux, qui était alors secrétaire général de la Confédération Générale du Travail de puis 1909, fit l’éloge du grand homme :

EXTRAIT DU DISCOURS DE LEON JOUHAUX

« Son action intellectuelle engendrait notre action virile. Elle la traduisait lumineusement dans les grands débats oratoires que soulevaient dans les pays, les programmes sociaux. C’est avec lui que nous avons toujours communié. Jaurès était notre pensée, notre doctrine vivante, c’est dans son image, c’est dans son souvenir que nous puisons nos forces dans l’avenir. »

« Passionné pour la lutte qui élève l’humanité et la rend meilleure, il n’a jamais douté. Il a rendu à la classe ouvrière, cet hommage immense, de croire à sa mission rénovatrice. Partisan du travail, il était pour l’activité, estimant que même dans ces outrances l’activité recèle toujours des principes bons […] Penché sur la classe ouvrière, il écoutait monter vers lui ses pulsations, il les analysait, les traduisait intelligiblement pour tous. Il vivait la lutte de la classe ouvrière, il en partageait ses espoirs.

[Il termine ainsi son discours]« Jaurès a été notre réconfort dans notre action passionnée pour la paix. Ce n’est pas de sa faute, ni la notre, si la paix n’a pas triomphée. Avant d’aller vers le grand massacre, au nom de ceux qui sont partis, au nom de ceux qui vont partir, dont je suis, je crie devant ce cercueil toute notre haine de l’impérialisme et du militarisme sauvage qui déchaîne l’horrible crime. Cette guerre, nous ne l’avons pas voulue, ceux qui l’ont déchaînée, despotes aux visées sanguinaires, aux rêves d’hégémonie criminelle devront en payer le châtiment. »

Citations de Jean Jaurès

« Le courage, c’est de chercher la vérité et de la dire ; c’est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. »

« Le courage c’est de comprendre sa propre vie…Le courage, c’est d’aimer la vie et de regarder la mort d’un regard tranquille… Le courage, c’est d’aller à l’idéal et de comprendre le réel… »

Georges PORTALES