SANTE LE GOUVERNEMENT VEUT FAIRE DES ECONOMIES SUR LES MALADES DU CANCER

, par udfo31

Le projet de loi de financement de la Sécu prévoit que les patients « guéris » sortent du cadre de l’affection longue durée pour ne plus avoir à les rembourser à 100%. « Parler de guérison pour ce type de pathologie est grotesque », s’insurge FO.

« Qui peut accepter, en 2009, qu’on ait deux fois plus de chances de mourir d’un cancer (…) selon que l’on soit en haut de l’échelle sociale ou en bas ? », demandait lundi Nicolas Sarkozy, avant de présenter son « Plan cancer II » destiné à mettre l’accent sur « la réduction des inégalités sociales ». Reste qu’au lendemain de cette déclaration, le projet de loi de financement de la sécurité sociale adopté mardi par les députés de sa majorité va assurément dans le sens contraire des ambitions affichées par le président puisqu’il prévoit que les malades du cancer, « en rémission » au-delà de la durée initiale de cinq ans, sortent du cadre de l’affection longue durée (ALD). En clair, ils ne seraient plus remboursés à 100% des frais liés à leur pathologie.

Explications à l’Assemblée nationale de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot. « On guérit du cancer : 50% maintenant des cancers sont guéris et pourtant (...), bien qu’on soit guéri, on est toujours frappé de discrimination : discrimination à l’embauche, discrimination au logement, discrimination d’accès à l’assurance », a-t-elle affirmé, avant d’indiquer, que le gouvernement voulait, par cette mesure, « que les malades guéris puissent sortir de cette trappe à exclusion qu’est la classification » en ALD. Néanmoins, a assuré la ministre, « nous voulons aussi (leur) permettre de suivre toujours les dépistages », qui, eux, resteraient pris en charge à 100% afin de prévenir « une éventuelle rechute ». Les conditions devant être fixées par décret.

« C’est grotesque », réagit le syndicat national FO des cadres des organismes sociaux (SNFOCOS) par la voix d’Hélène Azoury, médecin-conseil à la sécurité sociale. « On ne voit pas bien en quoi la sortie de l’ALD va améliorer l’insertion professionnelle ou lutter contre les discriminations ». Pour le médecin, il s’agit là que d’une « énième mesure d’économie des dépenses de l’assurance maladie sur le dos des malades ». Et ce alors même, rappelle Hélène Azoury, que « le système actuel prévoit au bout de 5 ans d’adresser au médecin-conseil une demande de prolongation de l’ALD ». En effet, ces médecins sont les seuls à même de juger aujourd’hui de la nécessité de renouveler ou non la qualification ALD, en fonction de la pathologie, des séquelles éventuelles, de la gravité initiale, de sa localisation et le pronostic à long terme n’est pas le même pour tel ou tel type de cancer

« Vouloir substituer une décision médicale à une décision administrative est dangereux : c’est faire fi du plan cancer et porter atteinte gravement à la dignité et au respect du patient », met en garde FO. Car, un arrêt d’ALD décrété qui tomberait comme un couperet au bout de cinq ans ne pourra envisager tous les cas spécifiques. « Le cancer étant une maladie chronique, on ne parle jamais de guérison, mais de rémission (diminution momentanée des symptômes) », précise encore Hélène Azoury. Et de pointer, « le risque grave pour la santé des patients les plus défavorisés, pour qui, cette suppression sera un frein à la consultation du médecin en cas d’apparition de signes peu évocateurs de prime abord de récidive (fatigue accrue, douleurs…).