LE SYNDICALISME DANS LA RESISTANCE : par Georges PORTALES Léon JOUHAUX (1879-1954)

, par udfo31

Avant propos : Membre de l’AERI (Association pour des Etudes sur la Résistance Intérieure) je ne fus pas consulté sur la sortie d’un CD-ROM, réalisé par l’Association "Histoire de la Résistance en Haute-Garonne" (HR31), dans le cadre de la campagne nationale de l’AERI, évoquant la Résistance en Haute Garonne. Bien entendu j’ai réagi, comme il se doit pour contester, l’absence de Robert Botherau dont le récit « Le syndicalisme dans la Tourmente » 1940-1945 évoque cette période toulousaine où le syndicalisme, par le fait, entrait dans la clandestinité. A cela s’ajoute, la non-évocation de Léon Jouhaux, en tant que leader du mouvement syndical dans la Résistance. Tout cela m’a incité à rechercher les textes qui apportent un démenti formel à l’historien Michel Goubet.

Après avoir reçu un courriel de Monsieur Michel Goubet, auteur du CD-ROM, que je veux garder en partie confidentiel, celui-ci m’écrit : « […] Léon Jouhaux une personnalité syndicale déjà connue mais qui n’a pas de rapport direct avec la résistance. »

Malgré le respect que je dois à Monsieur Michel Goubet, historien reconnu qui a écrit de nombreux livres sur la Résistance Toulousaine, je suis en désaccord avec lui sur deux points.

En premier lieu, je pose la question suivante : un collégien, un lycéen ou bien un étudiant, à qui ce document est en partie destiné et qui consultera ce CD-ROM interactif, comment pourra-t-il savoir que Léon Jouhaux est une personnalité déjà connue ? Le rôle de l’école, du lycée, de l’université, n’est-il pas précisément de faire connaître les personnages qui ont le plus compté durant les années noires de 1940-1945. Enfin, venons-en au point le plus important, « mais n’a pas de rapport direct avec la résistance. » Et là je suis en désaccord total. Je m’en explique ci-dessous :

C’est Henri Noguères, Résistant et historien auteur de l’Histoire de la Résistance en dix volumes qui écrit page 326 du tome 1 : évoquant Toulouse et Julien Forgues qu’il voyait à la Bourse du Travail, il écrit : « L’un des premiers résistants que j’ai rencontré était le leader syndicaliste Forgues, chargé par Léon Jouhaux d’organiser la résistance syndicale dans les trois grandes régions du Midi : Toulouse, Montpellier et Marseille. Forgues qui militera à la Libération, représente la CGT, en décembre 1940, à une réunion qui se tient à Lyon à laquelle participent d’Astier, de Menton, Philip, pour le CAS [ Comité d’Action Socialiste] et Poimbeuf pour la CFTC. »

Il écrit pages 113 et 114 tome 3 :

Evoquant « Les mouvements en zone sud, du coté de la Résistance intérieure, il faut retenir, en août 1941[…] L’accord intervient entre Léon Jouhaux et Emmanuel d’Astier ou si l’on préfère, entre les syndicalistes résistants de la zone non occupée et le « mouvement Libération-sud » Sa portée est considérable puisqu’il aboutit, en fait, à inciter les militants syndicalistes à rejoindre les rangs de « Libération » et à diffuser son journal ». Dés son quatrième numéro, il publie un appel aux ouvriers rédigé par Léon Jouhaux ( page 53 tome 3).

Dans son livre « Histoire de la Résistance en France »-(Que sais-je n°429) Jean-François Muracciole est plus précis : « D’Astier[ Emmanuel] fonde Libération. Les liens avec les syndicalistes CGT sont solides : en décembre 1941, Libération lance un Appel [ de Léon Jouhaux] aux travailleurs, qui condamne la Charte du Travail de Vichy, et Forgues[…] est admis à son comité directeur. »[…] Le périodique clandestin du mouvement[ Libération] tire à 35.000 exemplaires en 1942 ».

[Après ]l’interdiction des syndicats, dès août 1940, amène des hommes comme Jouhaux, Buisson(CGT) ou Poimboeuf (CFTC) à créer un Comité d’études économique semi-clandestine et le 15 novembre 1940, à diffuser un Manifeste du syndicalisme français qui refuse le syndicalisme unique et obligatoire de Vichy ».

Léon Jouhaux sera mis en résidence surveillée à Cahors la grande banlieue toulousaine, pour ainsi dire. Julien Forgues, Secrétaire de l’Union Départementale de la Haute Garonne se rendait régulièrement auprès de Léon Jouhaux pour recueillir des instructions de la part de son Secrétaire Général.( Julien Forgues était de la tendance Jouhaux.).

Robert Botherau, Secrétaire Confédéral, écrit dans son récit « le Syndicalisme dans la Tourmente 1940 1945 ».

« Après la défaite de juin 1940[…]

« Début juillet, nous nous installons à Toulouse où nous séjournons quelques temps. Nous y sommes reçus par le secrétaire de l’U.D., Julien FORGUES qui nous donnera asile et siège provisoire dans les locaux de la Bourse du Travail »[…].A Toulouse, nous retrouverons sur place nombre de camarades. Nous en « contacterons » beaucoup d’autres. Et le 20 juillet nous pouvions réunir un Comité restreint mais qui regroupait cependant les représentants de 24 fédérations et de 28 Unions Départementales ».[…].. « Une circulaire confédérale datée de Toulouse, 30 juillet 1940 disait… » etc.

Léon Jouhaux, lorsqu’il fut arrêté par la police de Vichy et assigné à résidence surveillée à Cahors. Il a de nombreux contacts.

Dans l’ouvrage « Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français » écrit par Bernard Georges. Denise Tintant en collaboration de Marie- Anne Renauld, agrégées de l’Université, on peut lire, concernant les pourparlers qui aboutiront aux accords du Perreux :

« Le 22 septembre 1942, Saillant [ tendance Jouhaux] est de nouveau à Cahors, mais flaqué cette fois de Sémat, Secrétaire de la Fédération des Métaux en 1939 et envoyé officiel des ex-unitaires[communistes]. Les amis de Frachon acceptent la constitution des organes dirigeants de la CGT sur la base de la situation antérieure à septembre 1939. Rappelons ici que les communistes qui n’avaient pas condamné le pacte germano-soviétique, furent exclus de la CGT. Fait déterminant qui fut à l’origine de la deuxième scission syndicale.

On peut lire dans ce livre également : « Léon Jouhaux […] apporte sa caution à Libération dont le succès de même que celui de Libération-Nord, doit beaucoup aux syndicalistes amis de Jouhaux. A partir de 1942, en fonction des décisions prises à Cahors, la CGT joue un rôle éminent dans la résistance ».

Robert Bothereau, Secrétaire Confédéral, Résistant Syndicaliste, fut l’un des signataires des accords du Perreux, avec Louis Saillant pour les ex confédérés et Henri Raynaud et André Tollet pour les ex Unitaires : Accords qui réunifièrent les deux tendances syndicales afin de lutter efficacement contre l’Allemagne Nazie et le régime de Vichy. Robert Bothereau sera médaillé de la Résistance et deviendra en 1948, Secrétaire Général de la CGT-FO.

Léon Jouhaux avait vécu en semi-liberté, assigné à résidence surveillée jusqu’au 26 septembre 1942, jour auquel il sera arrêté : Il sera interné en Allemagne puis en Autriche.

A la fin de la guerre, de retour de déportation, la Fédération Syndicale Mondiale désigne Léon Jouhaux comme Vice-Président. Il sera nommé Délégué de la France à l’ONU en décembre 1947.

En 1947, face au coup de force des communistes, il invite les militants syndicalistes à constituer une nouvelle Organisation Syndicale, la CGT-Force Ouvrière dont il deviendra le Président. Léon Jouhaux fut également Vice-Président de la Confédération Internationale des Syndicats Libres. Il est l’un des créateurs de l’Organisation Internationale du Travail à Genève. Il recevra le prix Nobel de la Paix. Il sera l’instigateur de ce qui deviendra le Conseil Economique et Social.

Notons également que Léon Jouhaux rencontra le Président des Etats Unis d’Amérique, Roosevelt à la maison blanche le 19 septembre 1938, pour lui faire part de ses inquiétudes à l’égard de la montée du Nazisme et du fascisme, attirant son attention sur les dangers que cela représentait pour les démocraties européennes. Il préconisa une rencontre internationale afin de trouver des solutions pacifiques face aux conflits déjà existants notamment en Espagne.

Léon Jouhaux se rendit par trois fois en Espagne durant la Guerre, en 1936 à Madrid et à Barcelone. Il revint en mai 1937, puis en décembre de la même année. Il intervient afin qu’un accord soit trouvé, entre l’UGT et la CNT (accord conclue le 12 mars 1938).

Léon Jouhaux sera toujours aux cotés des Républicains espagnols, lors de la défaite et de la Rétirada. Il participera, avec d’autres, à la création de comités pour venir en aide aux réfugiés espagnols.

Jacques Maritain fut un des rares intellectuels catholiques qui prendra fait et cause pour l’Espagne Républicaine.

Autre fait marquant : Léon Jouhaux rencontrera Staline le 28 novembre 1937 :

« Ce que Léon Jouhaux avait à cœur fut le désir de clarifier la confusion née en France, au sein du Front populaire[…] Ces mêmes adversaires du Front populaire, se basant sur certaines résolutions du Kominterm… ». . Le livre cité en référence : « Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français » est quasiment introuvable en librairie, pas plus d’ailleurs que sur les sites de vente par internet. Voilà un livre qui mérite d’être réédité. On peut, néanmoins, le trouver à la bibliothèque universitaire des sciences sociales de l’Arsenal à Toulouse sous le numéro GZ 10949.

En conclusion, Léon Jouhaux comme Robert Botherau furent, deux figures emblématiques de la Résistance Ouvrière.

LES SYNDICALISTES DANS LA RESISTANCE EXTRAIT DU DICTIONNAIRE HISTORIQUE DE LA RESISTANCE*

LIBERATION-NORD : pages 125 et suivantes.

« Libération-Nord est une des grandes organisations de résistance créée par Christian Pineau à la fin de 1941. Le mouvement, force antivychissoise et antinazie, se constitue autour de l’équipe des signataires de Manifeste des douze (15 novembre 1940), formé des syndicalistes du Comité d’études économiques et syndicales : neuf confédérés[ tendance Jouhaux] (Oreste Capocci, Léon Chevalme, Albert Gazier, Eugène Jaccoud, Robert Lacoste, Pierre Neumeyer, Christian Pineau, Louis Saillant et Victor Vandeputte) et de trois syndicalistes chrétiens( Maurice Bouladoux, Gaston Tessier et Jules Zirnheld). Les travaux de ce comité sont régulièrement publiés dans bulletin, dont l’activité légale sert de couverture au journal Libération-Nord( 1 décembre 1940) »[…].

« L’originalité du Mouvement Libération-Nord, dont la naissance est annoncée dans Libération du 30 novembre 1941, tient au fait qu’il se veut l’expression de l’union des tendances non communistes de la CGT, de la CFTC et de la SFIO clandestines ».

NOTES

Christian Pineau, à l’instar de Sylvain Dauriac, du réseau BRUTUS pour le sud de la France, participa à la création du réseau : COHORS, Phalanx Zone Nord. La plupart des syndicalistes plus haut cités se regrouperont autour du journal « Résistance Ouvrière » qui sera à l’origine de la création de la CGT-Force Ouvrière : Le premier numéro de Résistance Ouvrière date de l’été 1943 (selon Bernard Georges « Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français » aux Presses Universitaires de France)

Tous ces syndicalistes sont de la tendance de Léon Jouhaux :

Christian Pineau de la Fédération des Employés de Banques, Oreste Capocci, de la Fédération des Employés et cadres, Robert Lacoste et Pierre Neumeyer de la Fédération des Fonctionnaires, Louis Saillant de la Fédération du Bâtiment, Victor Vandeputte de la Fédération du Textile, Eugène Jaccou de la Fédération des Transports.

Je retrace dans ces quelques lignes le récit que nous fit au cours d’un repas, en petit comité, notre camarade André Montagne qui fut Trésorier puis Secrétaire Général de la Fédération des Employés et Cadres, évoquant son passé de combattant. Après la défaite de juin 40, il rejoignit Londres et s’engagea dans la Royal Air Force. Il fit équipe avec le patron d’industrie pneumatique Michelin. Ils partirent en mission dont le but était de bombarder les usines Michelin occupées par l’Armée Allemande, ce qu’ils firent en toute logique et sans état d’âme. Cette équipée, patron-syndicaliste, dans la Résistance me parait assez cocasse pour être racontée.

Dans la région toulousaine, c’est dans le mouvement Libérer et Fédérer ainsi que dans le Mouvement Ouvrier Français et Libération Sud, que nous retrouvons le plus de syndicalistes.

Raymond Naves, Julien Forgues, Raoul Marty, Sylvain Dauriac, Maurice Fournier, Jean Dental, André Montané , Louis Cabé, Elie Oustau, Georges Aybram, Pierre Froment, Fernand Coll, Georges Bouquié, Pierre Martin, Louis Borrel, Jean Dantal, Marie Dauriac, Paul Descourt, Serge Vila-Mir, Raymond Barbarou et bien d’autres, mèneront, chacun à leur niveau, la lutte contre l’envahisseur et le régime de Vichy.

*Dictionnaire historique de la Résistance : sous la direction de François Marcot avec la collaboration de Bruno Leroux et Chritine Levisse-Touzé. Editions Robert Laffont

Dans un souci d’objectivité, je renvoie le lecteur vers des sites Internet en dehors des Organisations Syndicales : Liens Hypertextes :

http://istravail.com/article185.html

Annexe

LEON JOUHAUX ET LA RESISTANCE

Article de Léon Jouhaux dans le journal clandestin « LIBERATION » n° 4 de DECEMBRE 1941

APPEL AUX OUVRIERS

Le syndicalisme, pour exister, doit être libre, dans un pays libre. Son climat : la démocratie. Les conditions de son développement : les institutions libres.

S’il refuse de se soumettre aux partis politiques et d’être un instrument du pouvoir, encore moins accepte-t-il de subir le joug étranger.

Ce n’est pas dans l’exploitation de la défaite de son Pays que le syndicalisme libre trouve ses raisons d’espérer. Toute l’évolution du mouvement ouvrier français est liée à la conquête et à la défense de l’indépendance nationale. Le monde ouvrier a été intimement mêlé à toutes les luttes pour la résistance à l’oppression et pour les libertés.

Dans ses rangs, bien rares furent les défaitistes, car ses revendications de progrès social, d’amélioration de la condition ouvrière, d’émancipation du travail fondées sur l’indépendance et la prospérité nationale. Ses intérêts immédiats et avenir sont liés avec ceux de la patrie.

Méconnaître ces faits, c’est vouloir nier l’histoire ouvrière française pour trahir son action de toujours.

Expression des sentiments du Monde du Travail, le syndicalisme ne peut reposer que sur la libre détermination des travailleurs pour le syndicalisme libre.

Pour avoir méconnu ces vérités, la Commission appelée par la seule décision du pouvoir à rédiger la nouvelle Charte du Travail a fait œuvre vaine, par avance condamnée par l’immense majorité des ouvriers de toutes conceptions. Il n’y a pas de collaboration en dehors de la liberté. « On peut affirmer qu’une unité ouvrière s’est faite contre cette volonté » d’asservissement du mouvement ouvrier.

Le silence auquel la classe ouvrière française est condamnée par ses maîtres temporaires ne peut être considéré comme acquiescement à la servitude qu’à l’instar des pays totalitaires, et sur leur ordre, on prétend lui imposer.

La force, la répression au service du pouvoir usurpé pourront permettre l’application momentanée d’un tel régime de violation de la conscience, de destruction de la dignité humaine. Il ne sera pas viable, car au cœur de tout travailleur continue de vivre l’esprit du syndicalisme libre.

En silence, puisque la parole n’est plus libre, le monde ouvrier, unanime dans sa résistance à l’oppression, attend l’heure de la revanche, qui sera aussi celle de la délivrance du Pays.

Elle sonnera cette heure, comme elle n’a jamais manqué de sonner à toutes les époques où les forces d’asservissements, politiques ou étrangères, ont prétendu s’imposer à notre Pays de liberté.

Pour hâter cette heure, la classe ouvrière, unie dans la liberté de pensée, apporte sa quote-part à l’effort, silencieux, mais tenace et attentif, de l’immense majorité des Français contre l’usurpateur, contre l’envahisseur.

Elle a depuis longtemps rallié la coalition des résistances françaises contre le régime de la soumission à l’hitlérisme qui a juré de détruire notre France démocratique pour en faire la vassale humiliée de son ordre nouveau, destructeur de toutes les libertés, de toutes les spiritualités.

La classe ouvrière connaît les fins de domination de la « race des seigneurs » pour les avoir combattues hier encore. Aussi est-elle avec ceux qui continuent de lutter, méprisant ceux qui abdiquent. Elle sait bien que ses libertés, toutes ses libertés, ne renaîtront qu’avec les libertés françaises, lorsque l’ennemi aura été bouté hors de la patrie.

Sources : « Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français » de Bernard Georges, Denise Tintant et Marie-Anne Renauld, Agrégés de l’Université. Ouvrage publié avec le concours du CNRS -Presses Universitaires de France- 1979 N° 26 681.Lieu :Bibliothèque Universitaire de l’Arsenal Toulouse.

ANNEXE/ EXTRAITS DE / « SYNDICALISME ? MOUVEMENT SOCIAL ET RESISTANCE » RELEVE SUR INTERNET

http://www.fondationresistance.org/documents/dossier_them/Doc00092.pdf

16 août 1940 : Promulgation de la loi qui dissout l’ensemble des confédérations tant ouvrières (CGT, CFTC) que patronales (CGPF, mais aussi le comité des forges et le comité des houillères) et mise en place de comités d’organisation qui, dans chaque branche professionnelle, planifient, organisent, réglementent tous les aspects de la vie industrielle.

9 novembre 1940 Entrée de René Belin, ancien secrétaire confédéral de la CGT, et ancien responsable de la tendance « syndicats » au sein de celle-ci, dans le gouvernement de Pierre Laval au poste de Ministre de la Production Industrielle et du Travail.

Le même jour, parution des décrets portant dissolution du Comité des Houillères, du Comité des Forges, de la Confédération Générale du Patronat Français, de la Confédération Française des Travailleurs Chrétiens, de la Confédération Générale du Travail et de la Confédération des Syndicats Professionnels Français (Journal officiel, 12 novembre 1940).

15 novembre 1940 : Publication du « manifeste des Douze » (trois CFTC, neuf CGT) rédigé par Christian Pineau. Six jours après la dissolution effective de la CGT, la majorité des syndicalistes fidèles à Jouhaux s’organise en un Comité d’études économiques et syndicales (CEES) : neuf responsables de l’ex-CGT signent avec les trois principaux dirigeants de l’ex-CFTC un texte connu sous le nom de « Manifeste des douze ». Ce texte est considéré comme constituant le point de départ de l’action syndicale des confédérés dans la Résistance. 1er décembre, des syndicalistes CGT et CFTC sortent le premier numéro clandestin de Libération dans la zone occupée.

Note : rappelons que nous sommes dans la période d’avant la scission syndicale de 1948 et que la CGT d’alors était majoritairement de la tendance Jouhaux, respectait la Charte d’Amiens, c’est-à-dire l’indépendance des syndicats vis-à-vis des partis politiques. A l’inverse, la tendance communiste de la CGT-U appliquait, de fait, les 21 conditions de Moscou. http://www.force-ouvriere.fr/1906/index.asp?dossier=4000&id=1835

La 9ème condition soumet les syndicats aux ordres du parti communiste.

http://fr.wikisource.org/wiki/Les_21_conditions_d%27admission_des_Partis_dans_l%27Internationale_Communiste

Ces deux conceptions du syndicalisme ont toujours perduré, ce qui fait dire que l’Organisation syndicale CGT-FORCE OUVRIERE demeure l’héritière de la longue histoire du Syndicalisme indépendante des partis politiques.

A l’inverse, la CGT qui fut investie en 1947 par un coup de force des communistes - : la quasi totalité des Fédérations et des Unions Départementales étaient dirigées par des communistes.- comme Georges Séguy qui fut Secrétaire Général de la CGT de 1967 à 1982 et qui fut simultanément Membre du Comité Central du Parti Communiste. Suivait, en ce sens, la ligne directrice de Moscou, lorsque la Pologne et le syndicat solidarnoch voulurent se libérer de la tutelle communiste : la CGT et le PC furent les seuls à ne pas soutenir ce mouvement.

Pour l’Histoire, rappelons que la CGT ne participa pas aux grandes manifestations de soutien au peuple Polonais en lutte : On pouvait lire dans La dépêche du Midi du mardi 15 décembre 1981, « A l’appel de l’ensemble du mouvement syndical, CGT excepté et des partis politiques, sauf le P.C., près de 50.000 personnes, selon les premières estimations, ont participé, hier en fin d’après-midi, à la manifestation nationale en faveur de la Pologne » . Georges Séguy fut le seul leader syndical français qui n’a pas reçu Lech Valesa, lors de sa venu en France, en octobre 1981.

TEXTES EN COURS DE CONSTRUCTION d’autres textes suivront : A TOULOUSE, les syndicalistes toulousains tendance JOUHAUX dans les mouvements de Résistances toulousaines « Libérer et Fédérer », Réseau « BRUTUS ». Récit de Résistance Maurice Fournié dit GARNIER du NAP* PTT, qui fut Secrétaire Général Adjoint de l’UD en 1948 ; mémoire de Raoul Marty qui remplaça Julien Forgues lorsque celui-ci fut arrêté par la police de Vichy et poursuivi par la Gestapo : Raoul Marty, Membre du Comité Départemental de Libération durant l’occupation et qui deviendra le premier Secrétaire Général de l’UD à la création de la CGT-Force Ouvrière en Haute Garonne, etc

Ces textes, comme les textes qui suivront s’adressent principalement à mes camarades de l’Union Départementale CGT-Force Ouvrière.

* Noyautage de l’Administration Publique.

LEON JOUHAUX*

Né à Paris en 1879, ouvrier allumettier à Aubervilliers, secrétaire général de la Confédération Générale du Travail de 1909 à 1947. Président de la Confédération Générale du Travail Force Ouvrière de 1947 à sa mort en 1954. Témoin et acteur de trois scissions et de deux réunifications. Promoteur et Président du Conseil Economique. Porteur des espérances et des enthousiasmes, des inquiétudes et des déceptions de la classe ouvrière française pendant un demi-siècle. Léon Jouhaux a fait sa place dans la Nation et dans l’Etat, à un syndicalisme dont il est le reflet tout autant que le leader.

Membre de la délégation française à la Société des Nations, puis à l’Organisation des Nations Unies. Pionnier de l’Organisation Internationale du Travail. Vice-Président de la Fédération Syndicale Internationale, puis de la Fédération Syndicale Mondiale, enfin de la Confédération Internationale des Syndicats Libres.

Interlocuteur de Roosevelt et de Staline. Otage de l’Allemagne nazie. Apôtre de la Paix, Léon Jouhaux, après les deux guerres mondiales et pendant la guerre froide, auxquelles il s’est trouvé intimement mêlé, se voit décerner le prix Nobel de la Paix en 1951.

A travers la biographie du militant, du tribun et de l’organisateur, disciples et adversaires sont invités à retrouver les sources du mouvement syndical français contemporain avec ses aspirations profondes et ses débats internes, ses richesses et ses faiblesses…

* EXTRAIT DE LA COUVERTURE DU LIVRE/

« Léon Jouhaux dans le mouvement syndical français » de Bernard Georges, Denise Tintant et Marie-Anne Renauld, Agrégés de l’Université. Ouvrage publié avec le concours du CNRS -Presses Universitaires de France- 1979 N° 26 681.Lieu :Bibliothèque Universitaire de l’Arsenal Toulouse.

Note de Georges Portalès :ce livre est épuisé : introuvable en librairie, ainsi que sur les sites de vente par Internet. Ce livre mérite d’être rééditer afin que les nouvelles générations y puissent les informations historiques nécessaires pour une bonne compréhension de l’Histoire du Mouvement Syndical français.

http://www.conseil-economique-et-social.fr/content/jouhaux