1897 - 1969 GILBAUT Gabrielle née VINCENS

, par udfo31

Née le 9 novembre 1897 à Toulouse, Gabrielle Gibault était assistante sociale à Toulouse. Syndicaliste CGT puis Force Ouvrière, elle représenta son syndicat au Congrès Constitutif CGT-FO d’avril 1948.

Dés 1949, elle est élue à la Commission Exécutive de l’Union Départementale de la Haute-Garonne. Puis, en 1950, elle est élue Secrétaire membre du bureau de l’UD jusqu’en 1969. -année de son décès.

Gabrielle Gilbault lors d’un Congrès FO A sa droite Pierre Barthès, secrétaire général de l’UD de la Haute-Garonne (de 1963 à 1979) Joseph Courrieu, secrétaire membre du bureau.A gauche sur la photo Georges Ferriès, secrétaire membre du bureau de l’UD

Ce fut une militante très active. Elle représenta son syndicat dans tous les Congrès Confédéraux de 1948 à 1958.

Gabrielle Gilbault en tailleur sombre : à sa droite Bernard Abadie, qui était alors Secrétaire de l’UD, avec la délégation de l’Union Départementale de la Haute-Garonne, le premier à gauche, Pierre Martin, Membre du Bureau et au 3ème rang (avec des lunettes) Sylvain Dauriac, qui présida à la création de l’UD FO 31, au Congrès Confédéral de 1952.

Discours prononcé par la camarade Gabrielle Gilbault au Congrès de l’Union Départementale CGT-Force Ouvrière de la Haute –Garonne de 1949.

Lorsqu’il y a quelques semaines à peine notre secrétaire général m’annonça triomphant qu’il m’avait porté à l’ordre du jour de notre congrès pour traiter des questions féminines, je me demandais un instant si je saurai répondre à cette marque de confiance et à toute l’aimable sympathie que j’ai rencontrée parmi vous.

C’est que si mes cheveux sont presque blancs depuis longtemps, je suis encore une jeune syndicaliste, c’est d’ailleurs la seule jeunesse dont je puisse me prévaloir encore. Certes, la question du travail des femmes m’a toujours intéressée et je n’étais encore qu’une jeune maman, n’ayant pour toute ambition que de faire de ses enfants, des hommes et des femmes de demain. Déjà, dans le cercle familial et amical je discutais ferme quant à l’opinion générale que l’on avait sur le travail des femmes et la situation qui leur était faite.

Plus tard je fus aussi de celles qui doivent travailler pour élever leur famille et je pus ainsi constater combien j’avais raison.

Et plus tard, bien plus tard, quand les taches familiales à peu près terminées, je disposais de quelques loisirs, je les consacrais au syndicalisme et afin de faire mon éducation j’assistais aux réunions de notre vieille Bourse du Travail.

Une des premières réunions où la trésorière de mon syndicat m’accompagnait- d’ailleurs, il était justement question du travail des femmes et des commissions féminines. Nouvelle dans cette assemblée, je me permis cependant de donner mon avis qui n’était pas tout à fait conforme à celui qui était exposé. M ais il en fut cependant tenu compte. Plus tard peu de temps avant la scission, assistant au congrès présidé par Marie Couette, je rectifiais certains points qui me parurent tendancieux et il en fut quand même tenu compte une fois de plus.

Certes, il y a toujours eu des femmes qui ont travaillé, mais leur nombre était restreint et leur ambition était de se marier pour tenir leur ménage et élever leurs enfants. Leurs professions étaient uniquement féminine et si elles y étaient aussi exploitées, tant du point de vue des heures que des salaires, que leurs camarades hommes du moins n’y avait-il pas de concurrence des salaires.

Mais vint la guerre de 14-18, les bras valides furent appelés. Fallait-il pour cela que l’industrie, le commerce, l’agriculture cessent de marcher. Certes non, mais il fallait des bras pour remplacer ceux qui étaient partis. Et tout naturellement les femmes ont pris la place du mari, du fils, du père qui n’étaient plus là. Et sans conseil, sans apprentissage, les femmes se sont mises à la besogne et s’en sont acquittées avec autant de sûreté, alors que parfois elles dépassaient leurs forces.

Quoique l’on en dise, nous restons encore sous l’emprise de l’atavisme qui a tendance à voir l’homme comme le maître. Ne représente-t-il pas la force, la raison calme et pondérée ? Mais est-ce à dire qu’à lui seul il saurait mener le monde ? S’il n’avait à ses coté la femme avec son intelligence plus vive, sa compréhension rapide, son intuition presque infaillible qui surprend souvent nos compagnons et enfin son adresse qui supplée souvent à la force.

Certes nous admirons le débardeur qui soulève sans difficulté apparente un ballot de cent kilos, mais si vous lui demandez d’enfiler une aiguille à coudre comment s’en tirerait-il ?

L’un complète admirablement l’autre, alors pourquoi laisser la femme en dehors de toute discussion, avoir l’air de la considérer comme quantité négligeable, sans qu’elle ait le droit de faire entendre sa voix, d’exposer son point de vue quant il s’agit surtout de ses intérêts.

Le jour ou les femmes seront écoutées avec l’attention qu ‘elles méritent, un grand progrès sera réalisé.

Une première erreur a été quand les maris, les pères et les fils sont revenus[de la guerre], de ne pas rendre leurs compagnes à leur fonction naturelle qui est d’être la joie de leur foyer. La femme n’est-elle pas la mère en puissance, le creuset où s’élabore la génération de demain ?

Malgré le courage, la volonté et la valeur qu’elle a démontrée, sa véritable fonction est quand elle a eu la joie de fonder un foyer, de l’embellir, de le rendre accueillent à son compagnon et aux touts petits qui sont venus l’égayer. Croyez-Vous que qu’il soit possible quant elle a rempli une journée à l’atelier, à l’usine, aux champs où elle travaille comme un homme et qu’au retour la tache familiale l’attend.

Là n’est pas la vraie destination de la femme. Mais cette besogne ménagère est considérée comme sans valeur, secondaire, alors que d’elle, dépend l’harmonie du foyer. Trop de femmes n’ont pas la joie de s’appuyer sur un compagnon qui devront continuer à exercer une profession. Mais que ce soit sans préjugé à égalité avec son compagnon de travail qui ne devra pas se sentir humilier si elle est son chef.

Il faut bien admettre que la femme, par sa constitution physiologique est moins que l’homme à même de soutenir régulièrement un effort. Il y en a cependant, quant aux autres, il faut considérer leur mission au sein du foyer comme ayant la même valeur qu’une profession.

Mais alors que l’ouvrier demande à bénéficier dans son travail du maximum de perfectionnement dans l’équipement de son matériel, la femme doit accomplir de multiples besognes avec des moyens de fortune qui en font l’esclave de son foyer. Et cependant combien multiples sont ses occupations et étendue sa compétence que dire quand il faut équilibrer le budget qui ferait peur à un ministre des finances.

Il faut donc arriver à considérer le travail de la femme dans son intérieur à l’égale d’une profession salariée, lui donnant les mêmes droits et le mêmes avantages, lui laissant les mêmes loisirs afin qu’elle puisse s’intéresser aux questions sociales et en discuter avec son compagnon rentrant du travail. En dirigeant, dans une atmosphère paisible la formation des enfants, au lieu d’avoir ces foyers trépidants où l’on a tout juste le temps de s’apercevoir sans presque se connaître ; au point que l’on a plus qu’un désir c’est de chercher des distractions pour combler d’une vie bousculée- distractions qui ne donnent aucun apaisement

Pour arriver à cette compréhension exacte de la fonction féminine à l’échange de vue indispensable nos associations familiales seront le premier stade où travailleurs et travailleuses pourront se mieux connaître. Et c’est à nous les femmes que revient la tache d’accomplir ce trait d’union.

Certes, il faudrait faire abstraction de nos petits défauts, petites jalousie, petites susceptibilités. Nous devons bien reconnaître nos défauts si nous voulons que l’on reconnaisse nos qualités et nous pourrons être fières d’avoir comblé le fossé, plus imaginaire que réel, entre les travailleurs des deux sexes. Ce ne sera pas demain que nous aurons fait tomber la prévention quant à nos capacités. Mais il suffit de le vouloir pour l’atteindre, car quoique l’on dise, quoique l’on pense, c’est toujours la femme qui mène et mènera le monde.